« Au cours de l’été 2012, Elodie Brémaud fit trente-trois fois le tour de l’île d’Yeu durant autant de jours consécutifs, soit 1120 km à pied à raison de 34 km quotidiens. Vêtue du typique short-bleu-tee-shirt-marin-sac-à-dos du touriste désireux d’épouser les couleurs locales, elle « fait l’île » selon l’expression consacrée, c’est-à-dire « le tour de l’île », reprenant par-là l’attitude lambda d’un vacancier. N’invitant aucun spectateur à venir applaudir son exploit, sans ligne de départ ni d’arrivée si ce n’est la promesse un peu burlesque du titre du projet (33 tours), n’annonçant nulle part le caractère artistique de sa proposition, elle agit toutefois au vu et au su de tous. Si le touriste journalier ne put déceler le caractère répétitif de son geste, les insulaires commencèrent quant à eux à souffrir de paramnésie répétée en voyant passer tous les jours, à peu de chose près à la même heure, au même endroit, habillée de la même manière, la même jeune fille. » (Sophie Lapalu, 2013)
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DEVENIR ISLAISE : AMBITION IMPOSSIBLE POUR ARTISTE OBSTINÉE
Projet poursuivi du 1 septembre > 30 octobre 013
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L’action a permis d'engager des rencontres et des connections. Elle a en effet amorcé un passage du statut de touriste à une forme d’adoption. De retour sur L'île, l'idée est maintenant d'éprouver les changements qui se produisent avec le temps, avec les habitants. En quelque sorte, de chercher à comprendre ce qui fait que l’on est de l'île et comment on peut le devenir ?
En effet à la fin de l’été dernier, un certain nombre d'Islais m'avaient dit : Passe un hiver ici et on en reparle. La concrétisation de mon intégration ne tenait qu’à cela : un hiver sur l’île ! Pourtant, des marins présents sur l’île depuis 50 ans, se refusent à se dire Islais parce qu’ils n’y sont pas nés.
La deuxième phase du projet fondé sur l’impossibilité de DEVENIR ISLAISE cherchera, avec la fabrication d’un hiver, le moyen d'une inscription dans la vie insulaire.
Projet de film : Les modalités d’une intégration ne pouvant être effectivement que fictives, il s’agira à l’aide de matériel de cinéma, canon à neige et ventilateur, de mettre en place un dispositif de fiction. Le récit sera construit notamment autour de cette scène de manipulation d’effet spéciaux. Celle-ci sera le prétexte à des retrouvailles avec les Islais déjà rencontrés et à des temps partagés autour des questions d’intégration, d’adoption et d’assimilation. Le film s’organisera également autour de temps d’échanges plus intimes.
Ce que j'ai tourné représente un pourcentage infime du temps que j'ai passé avec ceux qui sont à l'image. Ces moments ne pourront pas se réduire à un régime documentaire.
